Je suis en train d'étudier un manuscrit du XVIIe siècle sur les relations tendues entre la France et les pays du sud de la méditerranée.
Pour vous mettre le décor historique en place :
On est sous le règne de Louis XIII, roi de France sentant le soufre et accusé à tort (?) d'entretenir des relations amorales à cette époque avec des « mignons »
L'Église catholique est sur les dents et se sent menacée sur pas mal de fronts :
- leur programme : éliminer le protestantisme de France (ce qui a échoué avec l'édit de grâce d'Ales mettant fin aux soulèvements des protestants dans le midi
- La montée d'un mouvement qu'ils jugent sectaire : l'islam de l'autre côté de la méditerranée,
- et la résurgence de la sorcellerie : Urbain Grandier par exemple fut accusé de sorcellerie par 17 ursulines et fut brûlé sur le bûcher le 18 aout 1634.
L'époque est donc assise entre le rationnel imposé par François Ier, ses recherches scientifiques (Léonard de Vinci, etc.) et les résurgences des pensées du moyen âge.
On est à un tournant.
Les pays au sud de la méditerranée n'ont pas de frontières fixes et sont appelés par défaut « la Barbarie » (qui n'a pas le sens actuel que l'on connait)
La Barbarie s'étendait de la Mauritanie, iles Canaries jusqu'en Égypte et était mal connu et surtout de très mauvaise réputation à cette époque.
Le mot barbare a une étymologie amusante et montre un peu les difficultés de compréhension entre le nord et le sud de la méditerranée :
Barbare vient du mot arabe voulant dire « murmure », et était un terme appliqué par les Arabes aux personnes parlant une langue européenne qu'il ne comprenait pas.
Les mers sont prises d'assaut par les pirates et les corsaires et gênent le commerce en méditerranée.
Corsaire viendrait du latin « currere » qui veut dire courir, prendre en chasse (cf : la chasse à courre).
Les corsaires à l'époque n'avaient pas de bateaux à voiles, mais des canots à rames très rapides pour prendre d'assaut les navires marchands et s'emparer de leurs cargaisons et de leurs membres d'équipage qui étaient souvent vendu comme esclaves en Barbarie.
Les esclaves chrétiens travaillaient et parfois étaient relâchés après un certain nombre d'années, mais pouvaient être relâchés plus tôt si la famille payait la rançon demandée.
Un des esclaves chrétiens les plus connus fut par exemple Cervantes et qui supplia son père de payer sa rançon pour sa libération.
Son père refusa (et on comprend mieux la genèse du livre Don Quichotte qu'il écrivit à son retour en Espagne, après sa libération tumultueuse et avec ses propres moyens.
L'église pour ne pas perdre la face menait une campagne de rachat d'esclaves chrétiens avec un ordre dédié à cet effet :
"le couvent de la Ste Trinité et de la rédemption fondé au chateau de Fontainebleau"
autre chose :
Les corsaires selon cet ordre religieux basés à Fontainebleau, n'étaient pas au service du roi, mais bien au service de la religion.
Qu'elle soit chrétienne ou mahométane.
Pour mémoire : Soliman le magnifique (1494 - 1566) voulait régner en maitre sur les lignes commerciales et maritimes en méditerranée et avait sous le coude son corsaire favori : Barberousse, qui fut aussi un grand ami de François premier (le 14 octobre 1543 : Barberousse et sa flotte de 200 navires hiverna sous la protection de François premier dans la rade de Toulon, et la cathédrale Ste Marie Majeure fut même transformée temporairement en mosquée .
Barberousse finit comme gouverneur en chef de l'Ouest méditerranéen.
... À suivre ;-) ...
merci encore au bloggueur de l'Horizon d'Aton pour son article sur Toulon qui a permis d'illustrer ce petit article.